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Barème des arbres Des dimensions qui ont leur prix

La dernière Arborencontre du CAUE 77 a été l’occasion d’activer le nouvel outil d’évaluation de la valeur des arbres. Accessible en ligne, il est facile d’utilisation et adapté aux attentes actuelles.

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Le nouveau barème des arbres a été lancé officiellement le 17 septembre dernier, à l’occasion de la 35e Arborencontre organisée par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Seine-et-Marne (CAUE 77). Située à Bussy-Saint-Martin, cette journée a donné la possibilité aux participants de s’approprier les bases de cet outil, très attendu­ par tous les professionnels de l’arbre et associations de ce secteur. Il est le fruit d’un travail de plus de quatre ans, qui a réuni les auteurs du projet (lire en Repères ci-contre) et de multiples partenaires, sollicités en particulier pour les phases de test.

Le barème se compose de deux parties. La VIE (valeur intégrale évaluée de l’arbre) fait une évaluation monétaire de la valeur d’un spécimen donné (en France métropolitaine). Le BED (barème d’évaluation des dégâts causés à un arbre) aide à es­timer la valeur monétaire susceptible d’être exigée dans le cadre d’une indemnisation liée à une dégradation de celui-ci. Cette somme se calcule en pourcentage de la valeur­ estimée par la VIE. L’évaluation a une durée de validité de six mois. Ces outils ne remplacent en aucun cas une expertise réalisée par un spécialiste, seul à même d’évaluer les conséquences des dommages causés à un arbre, que ce soit pour sa survie et pour la sécurité des biens et personnes situés alentour.

Plus de 200 internautes ont pu suivre à distance les conférences de la matinée et la cinquantaine de participants présents ont eu l’occasion d’utiliser l’outil en conditions réelles, sur le terrain, l’après-midi. Quatre stations avaient été sélectionnées par les organisateurs dans le magnifique parc culturel de Rentilly Michel-Chartier, géré par la communauté d’agglomération de Marne-et-Gondoire, ancienne proprié­té de la famille de chocolatiers Meunier.

Un calculateur en ligne facile d’accès

« Ce nouveau barème représente une véritable innovation tant sur le fond que sur la forme », soulignent ses créateurs. Jusqu’à maintenant, les barèmes – utilisés principalement par les responsables de patrimoine arboré dans les collectivités ou les experts conseils – s’appuyaient sur des outils et références datant d’il y a plus d’une trentaine d’années. Une époque où de nombreux bénéfices apportés par les arbres (biodiversité, régulation du climat, lutte contre la pollution…) n’étaient pas vraiment retenus. Avec VIE, ces services écosystémiques sont désormais intégrés, comme par exemple le stockage de car­bone ou les qualités écologiques du sujet… Sont aussi pris en compte des « diser­vices » comme le potentiel allergisant ou le caractère envahissant de l’espèce, ou encore­ la production de composés organiques volatils. Ceux-ci viendront réduire la valeur finale.

Sur la forme, les anciens barèmes nécessitaient de longs et complexes calculs ainsi que la saisie de l’ensemble des données. Le barème VIE & BED a été conçu pour une utilisation en ligne, sur un site Internet dédié et gratuit. Ergonomique, il est accessible à un large public de professionnels et d’amateurs éclairés, après une première phase de prise en main. Celle-ci nécessite notamment la lecture de la no­tice explicitant la démarche, les référentiels servant à la base des calculs et des fiches­ associées, par exemple pour bien prendre les mesures.

Des données préremplies

Afin d’autoriser un travail de saisie des données rapide et plus fiable, un certain nombre d’éléments se remplissent automatiquement, une fois que l’essence et le lieu d’implantation du sujet ont été renseignés. Les données automatiques s’appuient sur des bases de données éprouvées, comme celle de l’Insee pour la densité de population de la ville ou le prix de base du spécimen en pépinière (calibre 18/20 ou 250/300 de hauteur). Il est calculé à partir d’une moyenne de plusieurs catalogues de pépiniéristes français, prix modulé selon la circonférence du tronc, afin de ne pas surévaluer les arbres les plus jeunes. L’évaluateur doit quant à lui renseigner les dimensions du sujet, de même que des données telles que la place occupée dans le paysage (présence de protections réglementaires, caractère remarquable…), l’état sanitaire et mécanique ou le type d’entretien, évaluation qualitative pouvant réduire la valeur finale en cas de pratiques non adaptées.

Pour chaque arbre, l’outil génère un rapport en format PDF qui résume l’ensemble des caractéristiques du sujet étudié et la valeur estimée (deux rapports distincts pour VIE et BED). Sur la fiche VIE, un encadré renseigne automatiquement les périmètres de sécurité pour le système racinaire. Un schéma indique les rayons des zones de sensibilité des racines (zone très sensible à proximité du tronc, zone sen­sible au-delà). Il donne la possibilité de visualiser­ les espaces au pied de l’arbre à protéger de toutes interventions néfastes, notamment s’il y a un chantier à proximité. En cas de dégradation du sol ou des racines, mais aussi d’atteinte au tronc, à la couronne ou au houppier, l’outil BED fa­cilite l’évaluation des dégâts.

L’une des principales avancées dans ce domaine est de prendre en considération non seulement l’étendue de la zone concernée mais aussi, pour le houppier et le système racinaire, le niveau auquel le dommage est survenu (partie centrale, intermédiaire ou périphérique). L’évaluation peut ouvrir à une action de dédommagement, qui implique de la part du propriétaire ou du gestionnaire d’avoir défini des règles en amont, validées de façon­ officielle dans la perspective de limiter les contestations.

Mieux vaut prévenir ­
que guérir

Comme l’a rappelé Corinne Bourgery, expert conseil du cabinet d’études Citare, à Montélimar (26), ce barème doit d’abord être considéré comme un formidable outil de sensibilisation à la valeur des arbres et à la nécessité de préserver leur intégrité, non seulement dans leur partie aérienne mais aussi souterraine. Car aucune me­sure ne compensera véritablement la destruction ou la dégradation d’un arbre mature­, les bénéfices apportés par ce type de sujet étant sans commune mesure avec celle d’une jeune plantation. L’engagement des villes se révèle primordial pour faire de ce barème un outil reconnu par tous les acteurs de l’aménagement du territoire à l’échelon national, assurances et tribunaux compris.

Le 28 septembre dernier, la Ville de Nancy (54) est la première collectivité à avoir adopté l’usage de VIE et BED sur son ter­ritoire au cours d’un conseil municipal et d’autres collectivités ont engagé des démarches pour s’engager dans cette voie. Afin de les aider, un modèle de délibération est d’ailleurs disponible sur le site du barème (www.baremedelarbre.fr).

Yaël Haddad

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